Trois jours ont passé.
Les vaches ont fini par retrouver leur sérénité habituelle...
Cette nuit-là, le troupeau qui s'est endormi paisiblement,
est réveillé en sursaut par de terribles mugissements dans lesquels l'effroi
se dispute à la douleur.
Les vaches, instinctivement se regroupent, terrorisées, scrutent les environs
immédiats, tendent l'oreille, cherchant l'origine du vacarme... Soudain,
le silence... rompu par un bruit indéterminé, qui ne cessera que bien
longtemps après.
Le sommeil est fini pour elles. Entassées dans l'endroit le plus éloigné du champ, elles vont attendre, inquiètes, que le jour rassurant se lève.
Après une longue attente, elles voient arriver l'homme-qui-les-nourrit.
Celui-ci remplit les mangeoires, regarde le troupeau... et sursaute. Il
reste immobile un certain temps, puis marche dans le champ, cherchant
visiblement quelque chose... qu'il trouve assez rapidement.
Les génisses l'entendent jurer...
La pie râle un peu d'avoir été promue sans qu'on lui demande son avis,
mais dans le fond, elle est flattée.
Il se passe quelque chose de bizarre dans le coin, déclare Tiburce. Quoi
? Il n'en sait rien. Mais son instinct est formel, qui ne l'a jamais trompé
jusqu'ici ; ses responsabilités nouvelles l'obligent à vérifier qu'un
élément perturbateur venu de l'étranger ne s'est pas introduit sur le
territoire dont il a la charge. Alors, si la pie veut bien aller aux nouvelles
et tout lui raconter, il en serait ravi...
"Déjà du boulot" maugrée vaguement la pie... mais elle s'envole sans discuter
remplir sa mission.
Le matin du 11 mai, une génisse de six mois est retrouvée dévorée
dans un pré. Elle appartient elle aussi à l'élevage situé
à l'est du bois des Fayeux sur la commune de St Geoire en Valdaine
dans l'Isère.
Les prélèvements de poils sur des barbelés, des
empreintes relevées dans un champ de maïs tout juste semé
et d'autres indices laissent les agents de l'Office national de la forêt
et de la faune sauvage penser qu'il pourrait s'agir d'un
loup (ou de plusieurs).
La façon dont la génisse a été attaquée
puis dévorée est aussi un indice : une mort causée
par strangulation, la trachée sectionnée, la cage thoracique
ouverte, la peau repoussée en chaussette et surtout la grande
quantité de viande consommée.